Qu'est-ce que la méthode Six Sigma ?
La méthodologie Six Sigma est issue du domaine du contrôle statistique de la qualité. Elle repose sur une approche statistique axée sur les données à un niveau granulaire, afin de détecter toute erreur dans les processus de production.
En statistique, la lettre grecque minuscule sigma (σ) désigne l’écart type par rapport à la valeur moyenne. Le concept de sigma signifierait donc qu’il y aurait des erreurs à éliminer à tout point d’écart. Dans les années 1920, Walter Shewhart a suivi ce concept et a introduit une méthodologie à trois sigma par rapport à la moyenne pour améliorer les processus de Lean Manufacturing.
Six Sigma est issu de la courbe statistique en cloche, où un sigma correspond à un écart type par rapport à la ligne centrale d’un graphique de contrôle. Un défaut est dit « extrêmement faible » lorsque le processus présente six sigma, soit trois en dessous et trois au-dessus de la ligne centrale.
Même si la méthode de Shewhart était efficace et est restée une norme pendant des décennies, des erreurs importantes continuaient à ralentir les processus de fabrication ou à entraîner des coûts supplémentaires. Bill Smith, alors ingénieur chez Motorola, a donc proposé une méthodologie plus complète qui consistait à collecter et à analyser des données avec six sigma comme point de correction. À l’heure actuelle, une entreprise qui emploie la méthodologie Six Sigma recueille des données, puis utilise des outils statistiques pour déterminer le sigma de base. En utilisant le sigma de base, l’entreprise peut déterminer son écart par rapport à six sigma et identifier les défauts qui nécessitent des améliorations futures.
Six Sigma est désormais une méthode standard d’optimisation des processus métier, depuis sa publication par l’Organisation internationale de normalisation (ISO) sous le numéro ISO 13053-1:2011. Des professionnels et des organisations qualifiés sont habilités à recevoir des certifications Six Sigma après avoir utilisé avec succès cette publication pour une formation Six Sigma.
Le Lean Six Sigma
La plupart des organisations manufacturières utilisent les principes du Lean Manufacturing pour éliminer le gaspillage et améliorer leurs résultats. Les entreprises Lean ont intégré la méthode Six Sigma à leurs processus de production, créant la méthodologie Lean Six Sigma. Le Lean Six Sigma est une stratégie évaluant la quantité qui fonctionne le mieux dans les environnements de production à grande échelle et exposés à un gaspillage important. Elle s'appuie sur la méthodologie Six Sigma pour réduire les gaspillages et retouches, tout en améliorant l’efficacité.
Les entreprises qui utilisent le Lean Six Sigma peuvent accélérer la production, améliorer la qualité et réduire les coûts de production, afin de rester compétitives.
Les méthodologies du Six Sigma
La méthode Six Sigma a pour objectif d’optimiser les processus de production en vue d’obtenir des performances quasi parfaites, en minimisant la variabilité. Une approche à deux étapes permet d’y parvenir :
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Identification des problèmes : Établissez ce que vous avez et ce que vous devriez avoir. À ce stade, vous devez identifier les erreurs et déterminer leur impact sur le résultat global.
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Résolution des problèmes : Concevez un modèle qui corrige les erreurs et met les solutions en œuvre pour atteindre les objectifs définis précédemment.
La méthode Six Sigma fait appel à deux méthodologies de gestion de la qualité, qui favorisent la résolution systématique des problèmes et l'amélioration continue :
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DMAIC
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DMADV
Chacune se décline en cinq phases qu’une entreprise manufacturière doit suivre pour obtenir les résultats visés. Discutons de ces méthodologies de manière plus approfondie.
La méthode DMAIC
DMAIC est la méthode la plus courante chez les adeptes du Six Sigma. Elle signifie « Définir, Mesurer, Analyser, Améliorer et Contrôler » et se concentre sur l’amélioration progressive des processus déjà établis.
Cette méthode axée sur les données peut être utilisée pour les projets d’amélioration des processus. Pour être efficace, elle doit suivre l’ordre prescrit.
Définir
Pour pouvoir traiter un problème, vous devez d’abord le définir. Donc, dans cette étape :
- Identifiez clairement le « quoi » du problème.
- Définissez l’objectif et la portée du projet.
- Déterminez les ressources disponibles.
- Élaborez un calendrier pour le projet.
Cette étape vous permet de rassembler toutes les informations sur le projet d’amélioration et d’aller chercher des précisions si nécessaire. Ces informations vous permettent d’identifier le problème, les attentes des clients, ce dont vous avez besoin pour répondre à leurs besoins, et de déterminer d’autres objectifs.
Mesurer
Recueillez des données sur le projet et utilisez-les pour déterminer l’ampleur du problème. En procédant ainsi, vous comprendrez mieux la nature des améliorations à apporter et vous serez en mesure d'exécuter des actions ayant un impact tangible. Les données recueillies à ce stade serviront de point de référence pour mesurer vos progrès à la fin du projet.
Analyser
Les problèmes identifiés précédemment possèdent une cause profonde qui doit être éliminée. Cette étape vous permet d’analyser les multiples causes profondes au moyen d’outils d’analyse de données complexes et de les résoudre une fois pour toutes.
Les techniques d’analyse les plus courantes sont les suivantes :
- Remue-méninges (brainstorming)
- analyse des causes profondes en 5 Pourquoi ;
- cartographie de la chaîne de valeur ;
- voix du client (voice of customer).
Améliorer
Trouvez des moyens créatifs pour éliminer le problème à la source. Testez d’abord des solutions simples et déterminez si elles suffisent. Une roue de Deming ou cycle PDCA peut vous aider à tester les solutions identifiées et vous permettre de créer un plan de mise en œuvre.
D'autres méthodes d'amélioration continue peuvent également être utilisées :
De plus, l’utilisation d’un outil de suivi des plans d’action aide à naviguer les projets en toute simplicité. Le système de gestion quotidienne (DMS) UTrakk offre un module de suivi de projets qui facilite la planification, le suivi et l'accomplissement de chacune des étapes des plans d'amélioration des processus.
Contrôler
À cette étape, vous devez mettre en place des activités pour assurer la durabilité des améliorations implantées. Il peut s’agir de procédures opérationnelles standard (SOP), de cartes de contrôle, d’audits, et de recommandations pour de futurs projets.
Le contrôle et la durabilité sont souvent les maillons les plus faibles des projets d’amélioration. Les tournées de supervision active et les listes de vérification qui y sont associées dans UTrakk représentent un excellent moyen d’assurer le maintien des nouveaux processus et des bons résultats par les membres de l'équipe.
La méthode DMADV
De son côté, l'approche DMADV (Définir, Mesurer, Analyser, Concevoir et Vérifier) se concentre sur l’optimisation des nouveaux processus ou produits, afin de respecter les normes de la méthode Six Sigma.
Par exemple, DMADV serait efficace lors de l'implantation d’un nouveau progiciel de gestion intégré (ERP).
Définir
Examinez toutes les informations disponibles pour déterminer ce que vous avez et ce que vous devez réaliser. Cela vous permettra de déterminer le problème, de dresser la liste des ressources disponibles et de définir clairement les objectifs du projet.
Mesurer
Obtenez plus d’informations sur le problème en collectant des données. Vous pourrez également mesurer la portée du projet et mieux comprendre le problème.
Analyser
En vous appuyant sur les données, explorez tous les aspects de la situation problématique actuelle. Une compréhension plus approfondie du problème permettra de le résoudre plus facilement.
Concevoir
L’utilisation de la méthode DMADV lors d'un nouveau projet vous aidera à développer un processus conçu pour améliorer la satisfaction des clients et la performance.
Vérifier
Le processus que vous avez créé doit être testé, afin d'assurer qu'il répond aux besoins des clients et fonctionne aussi efficacement qu’escompté.
Les outils utilisés dans le cadre du Six Sigma
Plusieurs outils sont cruciaux pour une bonne mise en place de la méthode Six Sigma :
- Maîtrise statistique des procédés
- ANOVA (analyse de la variance)
- Gage R&R (répétabilité et reproductibilité)
- Méthode Taguchi
- Arbre CTQ (critique pour la qualité)
- Carte ou graphique de contrôle
- Organigramme
- Histogramme
- Feuille de contrôle
- Diagramme de dispersion
- Cartographie des processus
- Diagrammes de Pareto
- Analyse des causes et effets
- Diagramme d’Ishikawa ou en arêtes de poisson
7 étapes pour implanter efficacement la méthode Six Sigma
L’excellence opérationnelle est une stratégie qui implique toutes les personnes travaillant dans une organisation, et ce à tous les niveaux. Il convient donc de mobiliser tous les employés dans les efforts d'implantation de la méthode Six Sigma, afin d'assurer le succès de tels projets d'amélioration des processus et la croissance de l’entreprise manufacturière.
Pour implanter le Six Sigma efficacement et durablement, suivez les étapes suivantes :
1. Analyser la situation
Faites participer chaque membre de l’équipe à l'analyse du projet et à la mise en place de la méthodologie Six Sigma. Cela vous permettre d'acquérir une bonne compréhension du projet, et ainsi d'établir des objectifs opérationnels contribuant aux objectifs globaux de l'organisation.
2. Assurer l'adhérence des parties prenantes
Impliquez toutes les parties prenantes dans l'implantation de la méthodologie Six Sigma. Expliquez pourquoi elle est essentielle pour l'entreprise et les rôles que chacun des membres jouera à chaque étape du processus.
3. Expliquer les processus
Une fois que tout le monde est sur la même longueur d'onde, présentez la méthode standard que vous suivrez pour atteindre les objectifs visés. Vos employés sauront alors ce qu’ils doivent faire à chaque quart de travail et comment le faire.
4. Adopter une approche de résolution de problème
Il existe différentes façons de mener à bien la méthode Six Sigma. Néanmoins, vous devez aligner les équipes sur une approche commune de résolution de problème, afin que tous suivent un processus uniforme et conforme.
5. Suivre les performances
Chaque étape de la résolution d’un problème doit donner des résultats. Ainsi, en surveillant les performances, vous pouvez identifier les causes profondes du problème et mieux déterminer où des actions correctives doivent être apportées.
6. Apporter des changements efficaces
Le suivi des indicateurs de performance constitue un excellent moyen pour vérifier l'efficacité des solutions d'amélioration des processus. Il permet d'évaluer les changements, d'ajuster et de fixer de nouveaux objectifs au besoin. Ceci contribue à instaurer une culture d'amélioration continue, assurant la croissance et la compétitivité de l'entreprise.
7. S’assurer que vos gestionnaires sont qualifiés
La méthode Six Sigma est fondée sur la gestion de projet et les statistiques, une discipline pour laquelle vos gestionnaires ne sont peut-être pas formés. Par conséquent, vous pouvez organiser des formations pour les membres de votre équipe de gestion, afin de vous assurer qu’ils possèdent les compétences nécessaires pour diriger des projets Six Sigma.
Les niveaux de certification Six Sigma
Pour réussir votre initiative d'implantation de la méthode Six Sigma au sein de votre manufacture, vous devrez avoir du personnel formée pour cette pratique Lean à travers la hiérarchie de votre organisation. Les certifications Six Sigma offrent différents niveaux de maîtrise, utilisant le concept de ceintures issu des arts martiaux :
Ceinture blanche (white belt)
Un nouveau venu peut commencer par cette étape, qui est la plus simple :
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Faire équipe avec d’autres personnes pour résoudre des problèmes.
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Acquérir une connaissance de base des concepts du Six Sigma.
Ceinture jaune (yellow belt)
Le participant travaille en équipe et :
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Examine les améliorations.
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Apprivoise la méthode DMAIC et ses outils.
Ceinture verte (green belt)
Ici, le candidat doit avoir au moins trois ans d’emploi à temps plein et :
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Des compétences pour l'application de la méthode Six Sigma.
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Une connaissance des projets de transformation en entreprise.
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Être capable de gérer des équipes ou des projets de niveau « Six Sigma green belt ».
Ceinture noire (black belt)
À ce stade, les membres doivent avoir au moins trois ans d’emploi à temps plein, plus :
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Une expérience pratique dans un domaine critique.
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La réalisation d'au moins deux projets Six Sigma.
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Une expertise dans l’utilisation de métriques multivariables dans divers écosystèmes.
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La capacité à gérer plusieurs équipes.
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La capacité à former des équipes.
Maître ceinture noire (master black belt)
Pour obtenir le titre de « Six Sigma Master black belt », un participant doit avoir une certification ceinture noire et :
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Au moins cinq ans d’emploi à temps plein.
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Avoir mené à bien au moins 10 processus Six Sigma.
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Un portefeuille d’expériences avec des exigences spécifiques.
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Avoir encadré des personnes de niveaux ceintures vertes et noires.
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Avoir développé des stratégies majeures.
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Une expérience pratique en tant que technologue Six Sigma en entreprise.
Six Sigma : une stratégie pour vous propulser vers l’excellence opérationnelle
Plus qu’une simple méthodologie, la méthode Six Sigma est une véritable philosophie de Lean Management visant l’excellence opérationnelle par la réduction des défauts et l’optimisation des processus. Grâce à ses outils, ses méthodologies telles que DMAIC et DMADV, et ses certifications, cette approche offre aux entreprises manufacturières une structure solide pour atteindre des performances quasi parfaites, tout en répondant efficacement aux besoins des clients.
En investissant dans le développement des compétences et l’application rigoureuse des principes du Six Sigma, les organisations peuvent non seulement améliorer leurs performances, mais également instaurer une culture d’amélioration continue, assurant ainsi leur croissance et leur pérennité dans un milieu industriel hautement concurrentiel.