TABLE DES MATIÈRES

Abonnez-vous à notre newsletter

Mixité professionnelle : éviter les stéréotypes pour mieux gérer

Rébecca McCann
Mixité en entreprise : éviter les stéréotypes pour mieux gérer

La femme, « meilleure que deux hommes dans bien des cas, tout en coûtant deux fois moins ».

Aïe.

Fort heureusement, ce genre de discours vieux d’un demi-siècle et rempli de sexisme est aujourd’hui inacceptable, et la réalité qu’il décrit révolue. Pourtant, certains stéréotypes basés sur le sexe, bien que plus subtils pour la majorité, continuent à influencer nos organisations, des grandes entreprises jusqu’aux TPE-PME.

En tant que manager, comment pouvez-vous « déprogrammer » les idées préconçues ancrées dans votre subconscient et éviter ces pièges dans vos pratiques de gestion ? Je vous propose des pistes de solutions, mais dressons tout d’abord un portrait de la situation.

Égalité professionnelle : des stéréotypes encore bien vivants

Le réseau Grandes Écoles au Féminin (GEF) a réalisé en 2018 une étude à propos de la vie professionnelle des femmes. Le constat est clair : le stéréotype des femmes privilégiant leur vie privée et familiale au détriment de leur avenir professionnel est toujours bien présent. Plus encore, elles sont réputées moins ambitieuses et moins disponibles que leurs homologues masculins.

C’est l’une des raisons qui peuvent expliquer les inégalités professionnelles constatées dans le rapport du Forum Économique Mondial. Selon ce document, la part mondiale des femmes aux postes de direction dans les secteurs public et privé représentaient, en 2022, seulement 33%.

Proportion mondiale des femmes dirigeantes

Plafond de verre : briser le stéréotype de la femme fragile 

Dans les relations de travail, les attentes et comportements sont bien différents en fonction du sexe.

Une gestionnaire qui travaille dans un domaine agroalimentaire dominé par les dirigeants hommes m’a confié ceci en parlant de certaines réunions musclées au sein de l’entreprise :

Des hommes sont venus me voir pour s’excuser d’avoir haussé le ton. Si j’étais un homme, ça ne serait jamais arrivé.

En effet, les femmes sont encore réputées plus douces et fragiles que les hommes. Et c’est vrai à un tel point que leurs démonstrations de caractère ne font pas qu’étonner, elles ont tendance à choquer.

Dans son livre intitulé Lean In, Sheryl Sandberg (COO de Facebook) s’est penchée sur les traits de caractère qu’une femme « doit et ne doit pas » posséder. Selon son expérience, les femmes fortes, qui ont confiance en elles risquent de paraître autoritaires alors que les mêmes qualités sont systématiquement admirées chez un homme. Le monde du travail favorise lentement l’égalité femmes-hommes. Cependant, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour affirmer haut et fort que la qualité de vie au travail est la même pour chacun des genres.

La femme-objet

Le mouvement #MeToo a donné lieu à une nouvelle vague de féminisme qui met en lumière les risques d’abus qui existent toujours, en particulier envers les femmes, y compris dans les milieux professionnels. Les femmes gestionnaires dans les secteurs d’activité majoritairement masculins sont bien conscientes de cette réalité. L’économiste de renommée mondiale Susan Athey déclarait d’ailleurs dans un article à ce sujet :

J’ai passé ma carrière à espérer que personne ne remarquerait que j’étais une femme.

Toutes les relations professionnelles ne sont cependant pas malsaines et empreintes de violence ou, au mieux, de condescendance. Notons aussi que les stéréotypes de genres ne sont pas uniquement perpétués par les hommes. Ces idées préconçues, vestiges d’une conception collective archaïque des sexes, ont néanmoins encore aujourd’hui des impacts insidieux bien réels.

Vous êtes pressé ? Enregistrez cet article au format PDF.

Fatigué de faire défiler les pages ? Téléchargez une version PDF pour faciliter la lecture hors ligne et le partage avec vos collègues.

Enregistrez cet article au format PDF.

 

Quel est le plan d’action pour prendre conscience des stéréotypes véhiculés au sein de l’entreprise et poser des gestes concrets pour les éliminer ? 

Souvent de manière inconsciente et sans mauvaises intentions, les stéréotypes mènent à des raccourcis lors de la prise de décisions. Comme ils sont souvent subtils et qu’il reste de l’éducation à faire à grande échelle en matière d’égalité professionnelle, les identifier ou les prévenir est souvent difficile. Le problème, c’est que ces biais implicites jouent en faveur d’un certain type d’individus, et en privent d’autres d’occasions de se développer.

En tant que manager, comment pouvez-vous être outillés pour combattre ces stéréotypes nuisibles au bien-être de vos employés ?

Pour améliorer la mixité hommes-femmes au sein de l’entreprise, le manager se doit d’être alerte et d’identifier les biais systémiques potentiels. Plusieurs pistes d’actions concrètes sont possibles, en voici quelques-unes.

ATELIERS DE FORMATIONS ET CONFÉRENCES Managers & LeadersTéléchargez le catalogue

Préjugés « positifs » et attribution des tâches

Selon les stéréotypes qu’on entend le plus souvent, les femmes sont considérées comme étant davantage des « team player », et plus agiles en relations humaines. La perception n’est pas négative en elle-même, mais cette idée préconçue peut mener à une fausse lecture des compétences de l’individu. Attribuer des tâches pour lesquelles on suppose que la personne sera compétente prive, plus souvent les femmes, d’occasions de se démarquer et de se développer.

En prenant conscience de ces biais dans la gestion quotidienne, il est possible d’adopter des pratiques plus ouvertes et en faveur de l’égalité professionnelle, par exemple :

  • Embaucher des employés en fonction des compétences et des qualités réelles. Nous suggérons, par exemple, la mise en place d’entrevues standardisées et conçues pour éviter les questions discriminatoires et stéréotypes.

  • Distribuer des tâches et projets aux membres d’une équipe en fonction de leurs rôles, compétences et intérêts réels.

  • Demander un volontaire pour la prise de notes dans les rencontres plutôt que tenir pour acquis qu’une coéquipière occupera naturellement ce rôle.

  • Donner à chacun des occasions de rétroaction en lien avec l’évolution de leur rôle pour arrimer leur développement à leur réalité et leurs ambitions.

Considérer davantage la femme en tant qu’individu professionnel au même titre qu’un homme favorise l’amélioration des conditions de travail et l’équité. Mais l’égalité hommes-femmes peut être promue de différentes façons. 

Considérer l’ensemble des employés et des managers comme des individus ayant droit à des relations professionnelles respectueuses ainsi qu’à une vie équilibrée est également essentiel. Il s’agit non seulement de promouvoir la mixité et l’équité, mais également une culture d’entreprise saine pour tous.

S’inspirer de bonnes pratiques égalitaires

Parmi les bonnes pratiques à prendre en exemple, la Finlande propose un accommodement familial inclusif en accordant aux pères le même congé parental qu’aux mères. En encourageant la reconnaissance du rôle paternel par les employeurs, cette mesure est un engagement concret en faveur de la mixité professionnelle, de l’égalité des sexes et de la qualité de vie.

Le rapport du Forum Économique Mondial conclut d’ailleurs que les pays scandinaves sont les plus progressistes en matière de mixité et d’équité.

 

Index 2022 de l'écart des genres

L'indice global d'écart entre les sexes mesure les scores sur une échelle de 0 à 100. Les scores peuvent être interprétés comme la distance parcourue vers la parité (c'est-à-dire le pourcentage de l'écart entre les sexes qui a été comblé). Les comparaisons entre pays visent à soutenir l'identification des politiques les plus efficaces pour combler les écarts entre les sexes.

 

La mise en œuvre du congé parental québécois en 2016 a également fait ses preuves. La sociologue Valérie Harvey affirme que grâce à ce congé de plus en plus populaire chez les hommes, les papas québécois sont devenus les meilleurs pères en Amérique du Nord.

Dans le même ordre d’idées, il n’est plus d’actualité de penser que les femmes sont les seules qui doivent partir tôt le soir pour se rendre à la garderie, ou s’absenter lorsque les enfants sont malades. Les hommes ont une place tout aussi importante à jouer dans le rôle parental.

En résumé, il s’agit de développer une culture d’entreprise axée sur l’équilibre travail — famille pour tous. On peut, par exemple, accorder des avantages sociaux qui tiennent compte de toutes les réalités parentales.

Soyez proactifs et ayez un impact positif auprès de vos employés !

L’engagement d’une entreprise dans une démarche proactive en matière d’égalité professionnelle passe par la conscientisation face aux stéréotypes de genres qui existent toujours. Les managers doivent aiguiser leur sensibilité face aux risques liés à la discrimination et être des ambassadeurs de ce mouvement qui a un impact colossal sur la qualité de vie de l’organisation et de tous les gens qui en font partie.

En terminant, selon le psychologue social Patrick Scharnitzky :

Les hommes et les femmes ont une meilleure image d’eux-mêmes quand ils évoluent dans une entreprise mixte. Cela démontre l’impact de la mixité sur la performance organisationnelle. 

En doutait-on encore ?

 

PERFORMEZ PLUS ET MIEUX AVEC UTrakk DMeSTéléchargez la brochure

Adoptez les meilleures pratiques de gestion pour une culture d'entreprise inclusive axée sur la performance

L'équipe d'experts en développement du leadership de Proaction International peut aider vos managers grâce au coaching et au développement du leadership

Rébecca McCann

Rébecca McCann

Chargée de projet