L’évolution des compétences dans le monde de l’IA
Intelligence artificielle et son impact sur les compétences techniques
80 % des métiers devraient voir, au minimum, 10 % de leurs tâches transformées par l’intelligence artificielle. Selon une étude récente du cabinet McKinsey, on estime cependant que pour 60 % de travailleurs, 30 à 40 % de leur activité sera fondamentalement transformée d’ici 2035.
L’IA transforme les métiers industriels à une vitesse exponentielle. Les tâches répétitives, les activités à faible valeur ajoutée et les opérations techniques délicates autrefois réalisées par des spécialistes, sont aujourd’hui prises en charge par des algorithmes puissants.
Cette évolution modifie les attentes envers les employés, rendant obsolètes certaines compétences techniques traditionnelles, ou hard skills, tout en créant une demande accrue pour des facultés comportementales.
Ce que l’on observe :
- Transformation des aptitudes requises : La demande de compétences techniques est déplacée vers des domaines plus stratégiques et créatifs.
- Évolution des métiers techniques : Le rôle des techniciens devient plus pointu et exige une maîtrise des nouvelles technologies.
- Mise à jour continue : Les travailleurs doivent apprendre continuellement pour suivre les technologies émergentes et s’adapter aux nouvelles attentes des employeurs.
La montée en puissance des soft skills
D’ici à 2030, les soft skills seront au cœur des stratégies de recrutement des entreprises.
Si l’IA prend en charge la majorité des tâches techniques, que reste-t-il aux travailleurs ? Leur valeur humaine est irremplaçable.
Contrairement à ce que beaucoup craignent, l’ère de l’intelligence artificielle et de l’automatisation ne signe pas la fin de l’humain dans l’industrie. Au contraire, elle réaffirme l’importance des compétences comportementales et des qualités humaines autrefois perçues comme évidentes ou secondaires. Leadership, communication, esprit critique, ou encore gestion des émotions deviennent des armes puissantes pour naviguer dans cet environnement de travail complexe et changeant. Leur développement est un investissement stratégique pour les individus et pour les organisations.
Une étude du World Economic Forum sur les compétences de 2030 prévoit que les aptitudes comportementales telles que la résolution de problèmes, la communication et l’empathie figureront parmi les plus recherchées.
Ce que l’on peut en conclure, c’est que pour l’instant l’IA n’élimine pas les emplois ; elle redéfinit plutôt ce qu’il faut pour réussir.
L’importance des soft skills à l’ère de l’IA
Les soft skills répondent aux lacunes intrinsèques de l’intelligence artificielle et permettent une meilleure adaptation aux transformations du monde du travail. Voici leurs principales forces :
Compléter les capacités techniques de l’IA
L'IA excelle dans les tâches techniques, analytiques et répétitives, mais elle manque de créativité, d’empathie et de jugement humain. Les compétences comportementales comblent ce vide en apportant ces qualités humaines indispensables à l'innovation et à la collaboration.
En outre, des aptitudes comme la pensée critique permettent d’interpréter les résultats produits par l’IA et de les transformer en décisions stratégiques.
Faciliter la collaboration entre humains et machines
L’IA ne remplace pas les interactions entre individus. La communication, la gestion de conflits, et la capacité à travailler en équipe sont cruciales pour intégrer l’IA dans le cadre professionnel sans trop perturber les dynamiques humaines. Les leaders dotés d’une forte intelligence émotionnelle peuvent mieux accompagner leurs équipes dans cette ère de transition.
Répondre aux enjeux éthiques et décisionnels
L’utilisation de l’intelligence artificielle soulève beaucoup de questions éthiques (biais, protection des données, etc.) qui requièrent des compétences en éthique professionnelle, en jugement critique et en leadership responsable. Les soft skills aident à garantir que les outils d’IA sont utilisés de manière responsable et transparente, en tenant compte des impacts sociaux et organisationnels.
Favoriser l’adaptation à un environnement en constante évolution
L’évolution rapide des technologies et des marchés imposent une grande adaptabilité et une bonne dose de curiosité intellectuelle. Ces qualités permettent aux professionnels de s’auto-former et de tirer parti des nouvelles opportunités offertes par l’IA.
De plus, la résilience et la capacité à gérer l'incertitude sont également importantes pour faire face aux situations imprévisibles.
Préparer les futurs leaders
Les leaders de demain devront non seulement comprendre l’IA, mais aussi inspirer, motiver et accompagner leurs équipes dans un monde transformé par la technologie. Les aptitudes comportementales telles que la vision stratégique, l’empathie, la capacité à mobiliser et la gestion du changement seront donc cruciales.
Top 8 des soft skills à développer dans un contexte d’IA
1. Pensée critique
Bien que l’IA brille dans le traitement rapide de données et l'exécution de tâches prédictives, elle n’est pas capable ‒ pour l’instant ‒ de remettre en question des hypothèses ou d’identifier des biais potentiels dans les décisions automatisées.
La pensée critique permet aux employés d’évaluer les résultats générés par l’IA, d’en déceler les limites et de proposer des améliorations. Elle fait office de pont entre les analyses automatisées et la prise de décision.
2. Intelligence émotionnelle et empathie
Comprendre et gérer ses propres émotions tout en reconnaissant celles des autres favorise une meilleure collaboration. Dans un cadre d’IA, ces deux compétences liées sont indispensables pour optimiser les interactions entre l’humain et les technologies, mais aussi pour créer un cadre de travail harmonieux et inclusif qui donne envie aux employés de s’investir.
3. Communication interpersonnelle
Elle permet de faire le lien entre les humains et les nouvelles technologies. En expliquant de façon claire et accessible les recommandations ou les fonctionnalités provenant des systèmes d’IA, les responsables facilitent l’adoption de ces outils par tous les collaborateurs, y compris ceux qui ne bénéficient pas d’une expertise technique.
De manière plus générale, une bonne communication minimise les malentendus et permet d’aligner les équipes autour d’objectifs communs.
4. Collaboration et travail d’équipe
La collaboration favorise l’intégration de l’IA dans les processus de travail en combinant l’intelligence des machines avec les idées et les compétences humaines. Elle permet de profiter des perspectives variées des membres de l’équipe pour trouver des solutions novatrices et ajuster les outils technologiques par rapport aux besoins concrets de l’organisation.
Par ailleurs, la collaboration permet de tirer parti des forces individuelles de chaque employé et de favoriser l’émergence d’idées créatives grâce à l’intelligence collective.
5. Leadership et prise de décision
L’IA ne peut supplanter la capacité humaine à inspirer, mobiliser et guider une équipe dans des situations incertaines ou critiques. Le leadership permet d’accompagner les travailleurs face aux changements induits par la technologie, en leur donnant une vision claire et en renforçant leur engagement.
Quant à la prise de décision, un bon leader sait évaluer les limites des recommandations automatisées, prioriser les actions et prendre des décisions qui prennent en compte des aspects éthiques, opérationnels et humains.
6. Créativité
Oui, l'intelligence artificielle est capable de créer, mais il est important de comprendre la nuance. Elle produit de la nouveauté dans un cadre prédéfini basé sur des données préexistantes, tandis que la créativité humaine peut briser ces cadres pour imaginer des concepts vraiment disruptifs, alimentés par des valeurs, des émotions et des inspirations qui échappent au champ d’action de l’IA.
C’est cette capacité à transcender les limites des données qui fait de la créativité humaine un atout unique et irremplaçable. Contrairement aux technologies, l’imagination, l’intuition et l’ingéniosité humaine n’ont aucune limite. L’IA ne peut rivaliser avec ces richesses.
7. Adaptabilité
Faire preuve de flexibilité et de réactivité face à des situations imprévues ou à des demandes urgentes est un atout majeur. Dans le domaine industriel, cela inclut l’aptitude à ajuster rapidement les priorités et à réorganiser les ressources pour minimiser les impacts négatifs.
Cette capacité est essentielle pour adopter rapidement de nouvelles technologies ou process sans perturber l’équilibre des opérations existantes. Elle permet aussi aux travailleurs d’apprendre en continu et de mieux répondre aux changements.
8. Résolution de conflit
Les évolutions technologiques rapides et les réorganisations sont parfois sources de frictions sur le lieu de travail. L’IA peut provoquer des tensions lorsqu’elle remet en question les habitudes des employés, réorganise des tâches ou introduit de nouvelles responsabilités. La résolution de conflit permet justement de gérer ces situations de manière constructive en encourageant le dialogue, en identifiant les causes des désaccords, et en trouvant des solutions qui bénéficient à toutes les parties.
Comment développer et valoriser les soft skills en entreprise
Le recrutement et l’évaluation
Le développement des soft skills commence avant l’embauche. Les services RH doivent évaluer les aptitudes des candidats dès les premières étapes du processus de recrutement. Les entretiens comportementaux peuvent par exemple inclure des mises en situation où les postulants doivent réagir à des scénarios courants, comme la gestion d’un conflit dans une équipe ou la priorisation des tâches en cas d’imprévu.
Des outils tels que les évaluations psychométriques ou les tests de personnalité permettent également aux recruteurs d’analyser les aptitudes adaptatives et les capacités interpersonnelles des individus qui se présentent.
En complément, les organisations peuvent inclure des exercices collaboratifs dans leurs processus de sélection, comme des jeux de rôle ou des travaux de groupe, afin d’évaluer les compétences du candidat en communication et en travail d’équipe.
La formation continue
Pour les employés déjà en poste, l’entreprise doit investir dans des programmes de formation adaptés. Par exemple, des ateliers pratiques sur la communication assertive contribuent à améliorer les interactions professionnelles en simulant des situations réelles, comme la gestion de discussions tendues ou l’échange de feedback constructif.
Dans la même veine, des sessions de formation à la gestion du stress peuvent inclure des techniques concrètes comme la méditation ou des stratégies de priorisation des tâches.
Pour renforcer l’intelligence émotionnelle, des jeux de rôle ou des études de cas permettent aux managers de mieux comprendre leurs propres émotions et celles des autres.
Ce type de formations dispensé de temps en temps mais de façon continue est un excellent moyen d’aider les employés à maintenir et actualiser leurs compétences pour rester performants face aux évolutions incessantes.
Le coaching
Qu’il soit individuel ou en équipe, le coaching est grandement recommandé pour développer des soft skills car il offre un espace d’accompagnement personnalisé qui permet d’apprendre par l’expérience et la réflexion. Il aide les employés à appliquer directement des solutions aux défis quotidiens, tout en tenant compte de leur réalité professionnelle.
Un programme de coaching peut inclure des sessions ciblées sur la gestion des conflits, dans lesquelles les participants apprennent à analyser des tensions au sein de leur groupe et à proposer des solutions constructives. D’autres modules peuvent aborder le leadership dans un contexte technologique, en simulant des scénarios où les leaders doivent prendre rapidement une décision face à des contraintes numériques.
Grâce à cet accompagnement, les employés peuvent identifier les points d’amélioration liés à l’intégration de nouvelles technologies, mieux gérer l’incertitude, et mieux communiquer avec leurs collaborateurs.
La culture d’entreprise
La bonne intégration et le développement des soft skills dépend aussi de la culture d’entreprise. Nous parlons ici d’une culture qui valorise la collaboration, l’innovation et la reconnaissance des compétences humaines. Cela passe par des initiatives concrètes telles que la mise en place de programmes de mentorat où les employés expérimentés partagent leurs connaissances tout en apprenant des perspectives des plus jeunes.
De même, il peut s’agir de pratiques de feedback constructif, comme des sessions régulières de retours à 360 degrés, qui permettent d’identifier des opportunités d’amélioration tout en renforçant la confiance entre collaborateurs.
Enfin, organiser des journées de collaboration inter-services permet également de stimuler l’innovation collective tout en renforçant les liens d’équipe.
Soft skills et IA : deux forces complémentaires pour relever les défis futurs
Le savoir-faire est tout aussi important que le savoir-être. Même si l’intelligence artificielle redessine les contours des compétences professionnelles, elle ne peut prétendre remplacer ce qui définit profondément l’humain : sa créativité, ses émotions, ses personnalités multiples et sa capacité à penser au-delà des données. À mesure que les nouvelles technologies prennent en charge les tâches répétitives et techniques, les soft skills s’affirment comme la clé d’une transition réussie vers un futur collaboratif entre les hommes et les machines.
Si les facultés comportementales et l’IA semblent opposées par nature, elles forment en réalité un duo puissant. L’IA optimise, analyse, et accélère ; les soft skills humanisent, innovent et créent du lien. Plus que de la simple cohabitation, cette complémentarité ouvre des perspectives où l’innovation technologique, guidée par des valeurs humaines, permet de résoudre des enjeux majeurs, qu’ils soient économiques, organisationnels, environnementaux ou éthiques.
Pour les leaders, il est question d’harmoniser ces deux forces. En anticipant cette synergie dès maintenant, en cultivant les soft skills, les organisations peuvent non seulement tirer profit des avancées technologiques, mais aussi révéler le plein potentiel de leurs équipes. Le véritable défi de demain sera donc de faire des individus et de l’IA des moteurs d’un même progrès ; un progrès à la fois performant et profondément humain.