Qu’est-ce que la culture de sécurité ?
La notion de culture de sécurité désigne, dans leur ensemble, des croyances, des perceptions, des attitudes et des comportements partagés qui influencent la manière dont la sécurité au travail est gérée dans une organisation. Cette culture se manifeste dans la façon dont les employés pensent et agissent face aux risques, mais aussi dans les décisions prises à tous les niveaux de la hiérarchie – des décisions qui doivent intégrer les aspects humains, organisationnels et techniques liés à la SST.
Contrairement à la conformité réglementaire – qui repose sur le respect strict de normes, d'obligations légales et de protocoles définis – la culture de sécurité va plus loin. Elle s’appuie sur une adhésion volontaire, une dynamique collective et un sens partagé de la responsabilité. Là où la conformité dicte quoi faire pour éviter les sanctions, la culture de sécurité incite chacun à agir par conviction, même en l'absence d'obligation. C’est le passage d’une sécurité « imposée d’en haut » à une sécurité « portée par tous ».
Les acteurs clés de cette culture de sécurité sont :
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Les dirigeants : Ils déterminent les orientations stratégiques, le niveau d’exigence en matière de SST et allouent les ressources nécessaires. Leur engagement visible crédibilise le discours sur la sécurité et influence l’ensemble des comportements organisationnels.
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Les gestionnaires de proximité : Ceux-ci traduisent les orientations stratégiques en consignes claires, adaptées aux réalités du terrain. Ils relaient les messages clés sur la sécurité, identifient les comportements à risque et s’assurent que les bonnes pratiques soient appliquées. Leur proximité avec les opérateurs leur permet de détecter les signaux faibles et d’agir rapidement, avant qu’un incident ne survienne.
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Les employés : Ils sont les premiers ambassadeurs de la sécurité au quotidien. En respectant les consignes, en signalant les situations dangereuses et en adoptant des comportements exemplaires, ils influencent le niveau de risque dans les opérations. Leur implication active, notamment par des suggestions d’amélioration et une attention accrue, contribue à faire de la sécurité au travail un enjeu collectif et partagé.
Les fondements d’une culture de sécurité solide
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Un leadership visiblement engagé : La sécurité doit être incarnée par les dirigeants, à travers des actions concrètes, des décisions alignées sur les principes de prévention, et une présence terrain régulière.
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Une responsabilisation à tous les niveaux : Chacun, quel que soit son rôle, doit se sentir interpellé et encouragé à signaler un risque ou proposer une amélioration.
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Une communication transparente et continue : Les messages (consignes de sécurité, retours d’incidents, rappels de bonnes pratiques, informations sur les changements de procédure, etc.) doivent circuler clairement, dans les deux sens, au moyen de canaux accessibles favorisant les retours rapides.
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Une formation continue et contextualisée : Les formations doivent dépasser les obligations légales pour s’adapter aux contextes spécifiques et à l’évolution des technologies.
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Une reconnaissance et une valorisation : Les comportements sécuritaires doivent être encouragés et célébrés afin de renforcer la culture sécurité au sein de l’organisation.
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Un apprentissage organisationnel : Qu’il soit mineur ou majeur, chaque incident est une opportunité d’apprentissage collectif.
Importance et bénéfices d’une culture de sécurité
Les enjeux humains
La priorité première (et évidente) est l’humain. Une culture sécurité forte protège la santé physique et mentale des employés, en réduisant le nombre d’accidents et de maladies professionnelles. Elle contribue aussi à instaurer un climat sain, fondé sur la prise en compte des besoins fondamentaux des employés, et où chacun se sent en sécurité.
Les enjeux économiques
Les conséquences financières liées aux accidents (indemnisations, arrêts de travail, remplacement du personnel, poursuites judiciaires) peuvent être lourdes. Une entreprise qui investit dans sa culture de sécurité compte moins d’interruptions de production dues aux incidents et accidents, limite les coûts liés aux litiges ou indemnisations, et gagne en attractivité auprès des talents comme des partenaires commerciaux.
Les enjeux organisationnels
Une culture de sécurité bien implantée améliore les processus interfonctionnels, la gestion des priorités et la coordination des équipes. Elle structure les prises de décision en intégrant systématiquement les questions de sécurité dans l’analyse des choix disponibles. Cela permet de privilégier des options qui réduisent les risques à long terme, même si d’autres solutions paraissent plus simples ou rentables à court terme.
L’impact sur la performance globale
Les entreprises les plus performantes sur le plan opérationnel sont aussi celles qui affichent une excellente maîtrise de leur culture de sécurité. En développant un environnement où la sécurité est une priorité partagée, elles réduisent les imprévus, améliorent la collaboration entre les équipes et la responsabilisation, et augmentent la productivité.
Cette rigueur collective favorise l’engagement des employés, diminue le taux d’absentéisme et renforce la confiance envers l’organisation, autant de leviers qui rejaillissent positivement sur la performance opérationnelle et globale.
Les types de risques en matière de sécurité en milieu industriel et manufacturier
Dans les environnements manufacturiers et industriels, on distingue plusieurs types de risques :
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Les risques mécaniques liés aux machines en mouvement, aux outils tranchants ou à des équipements défectueux.
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Les risques chimiques en présence de substances dangereuses, de vapeurs toxiques ou de produits inflammables.
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Les risques ergonomiques dus aux postures contraignantes, à la répétitivité des gestes ou à la manutention manuelle.
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Les risques électriques, notamment dans les secteurs utilisant des équipements à haute tension.
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Les risques psychosociaux, qui découlent du stress, de la surcharge de travail ou d’un manque de reconnaissance.
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Les risques environnementaux, comme le bruit, la chaleur extrême ou encore les poussières en suspension.
Une culture de sécurité efficace doit tenir compte de cette pluralité de risques et viser une approche globale de la prévention.
6 étapes pour la mise en œuvre d’une culture de sécurité durable
1. Évaluer l’état actuel
Avant toute transformation, il faut un diagnostic. Cette première phase consiste à dresser un portrait honnête et précis de la situation actuelle de votre établissement en matière de sécurité au travail.
Pour ce faire, les outils utiles incluent :
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Des audits internes, qui servent à évaluer le respect des procédures, des normes et des exigences réglementaires, donc à valider que les processus de sécurité sont bien appliqués.
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Des audits comportementaux. Moins formels que les audits internes, ils se concentrent sur l’observation directe des agissements sur le terrain et visent à évaluer si les gestes sécuritaires sont adoptés au quotidien, même en l’absence de supervision.
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Des baromètres SST et des sondages anonymes. Ces outils essentiels pour capter la perception réelle de la sécurité sur le terrain donnent la parole aux employés et révèlent les méfiances, les attentes ou les besoins de clarification.
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Des entrevues ciblées, menées auprès des gestionnaires, des employés ou des membres du comité SST. Elles permettent d’approfondir certains constats et de mieux comprendre les dynamiques sur le terrain ou les obstacles potentiels.
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L’analyse des indicateurs clés d’amélioration de la sécurité, comme le taux de fréquence et de gravité des accidents, le nombre de quasi-accidents, la participation aux inspections et formations, le nombre de remontées d’observations, etc., offre un aperçu de la maturité actuelle et permettent de cibler les priorités.
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L’analyse des écarts entre le dialogue social et la réalité terrain est utile pour comparer les valeurs ou les engagements affichés par la direction avec les pratiques observées sur le terrain. Elle permet ainsi de corriger les dissonances.
2. Définir des objectifs clairs
Une culture de sécurité ne peut se construire sans vision. Il faut définir des objectifs spécifiques et mesurables, en les alignant avec les objectifs stratégiques de l’entreprise. Par exemple, « réduire de 30 % le taux d’accidents avec arrêt sur deux ans », « doubler le nombre de remontées de quasi-accidents en six mois », ou encore « atteindre un taux de complétion de 100 % des visites de sécurité hebdomadaires ».
Ces objectifs doivent être partagés avec toutes les parties prenantes pour susciter l’adhésion et générer l’engagement collectif. Ils peuvent être déclinés par service, par équipe ou par type de risque.
3. Élaborer un plan d’action structuré
Après la définition des objectifs, il faut bâtir un plan d’action cohérent et progressif. Celui-ci doit s’articuler autour de ces éléments cruciaux :
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Des mesures immédiates : Révision des consignes, ajout de signalétique, renforcement de certains contrôles, initiatives de sensibilisation.
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Des leviers de transformation à moyen et long termes : Intégration de la sécurité dans les outils de gestion, révision des processus de production, refonte des programmes de formation, adaptation des activités à risque, mise en place d’une gouvernance dédiée.
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Un échéancier clair, des responsables et des indicateurs de suivi: Intégration des indicateurs de sécurité dans les tableaux de bord de production, mise en place d’une réunion mensuelle dédiée à la culture SST dans chaque service.
4. Passer à l’action
Avoir un plan ne suffit pas ; il faut ensuite agir de manière rigoureuse, méthodique et visible. L’implantation est une étape déterminante car elle donne vie à la stratégie et conditionne l’adhésion des équipes.
Voici les activités clés de cette étape critique :
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Mobiliser les acteurs clés : Chaque action doit avoir un responsable clairement identifié, avec des tâches définies et des moyens adaptés.
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Déployer progressivement les initiatives : Commencez par des actions pilotes dans certains services ou unités afin de tester et d’adapter avant un déploiement à grande échelle.
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Communiquer régulièrement les progrès : Informer les équipes des étapes franchies, des résultats obtenus et des ajustements renforce la transparence et maintient l’engagement.
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Lever les obstacles rapidement : Qu’ils soient techniques, humains ou organisationnels, les freins doivent être traités sans délai pour éviter le découragement. Par exemple, si un plan prévoit l’installation de nouveaux équipements de protection collective, il faut s’assurer que les fournisseurs, les validations techniques et la formation associée soient bien coordonnés.
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Mettre en place des rituels de gestion engageants : Instaurez des rituels réguliers, tels que les tournées Gemba de sécurité, les revues visuelles et les séances de feedback terrain, afin d’ancrer la sécurité dans les routines de gestion. Ces moments formels d’observation, d’écoute et de dialogue favorisent l’alignement, le traitement rapide des écarts et la reconnaissance des gestes sécuritaires.
5. Former, former, former
Avant la mise en place du plan d’action, pendant et après, la formation est un incontournable pour instaurer une culture de sécurité solide. Elle permet de faire évoluer les attitudes et façons de faire, de diffuser une vision partagée de la sécurité et de renforcer la compétence des équipes face aux risques.
La formation doit être pensée comme un moyen d’engager et d’autonomiser les travailleurs, pas seulement comme une obligation réglementaire. Pour cela, il faut adopter différentes approches :
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Diversifier les formats : Offrez des formations en ligne, ateliers interactifs, mises en situation, vidéos courtes ou podcasts sur la sécurité.
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Développer le leadership sécuritaire : Formez les leaders à adopter une posture exemplaire en matière de sécurité, à donner du feedback constructif et à valoriser les bons comportements.
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Contextualiser les contenus : Adaptez les modules aux risques spécifiques de chaque poste ou de chaque environnement de travail.
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Favoriser l’apprentissage actif : Effectuez des jeux de rôle, simulations d’incidents, analyses d’accidents réels ou fictifs, partages d’expérience entre pairs.
Un coaching ciblé peut aussi faire partie du plan de formation. En effet, qu’il soit individuel ou collectif, le coaching permet d’ancrer les apprentissages, d’accompagner les changements de posture, et de renforcer la responsabilisation des managers et des équipes.
6. Suivre et ajuster en continu
Implanter une culture de sécurité est un processus dynamique. Pour en assurer la pérennité, il faut :
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Mesurer régulièrement l’avancement à l’aide d’un ensemble cohérent d’indicateurs quantitatifs (taux d’incidents, taux de fréquence et de gravité, taux de réalisation des visites de sécurité, taux de participation aux formations, etc.). Du côté qualitatif, des outils comme les baromètres SST, les enquêtes sur le climat de sécurité, le niveau de satisfaction, etc. permettent de suivre la perception et l’implication des équipes.
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Organiser des revues périodiques des plans d’action impliquant toutes les parties prenantes, de la haute direction aux managers de terrain en passant par les responsables des ressources humaines. Celles-ci sont d’excellentes manières de faire le point sur l’avancement des actions, valider les résultats obtenus, identifier les écarts et ajuster les priorités. Elles contribuent également à maintenir l’engagement collectif en rendant visibles les progrès réalisés.
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Être capable de réagir rapidement. Ajuster un protocole trop souple, renforcer une mesure, approfondir une formation jugée insuffisante, cette agilité repose sur un bon système de veille et une communication fluide entre les niveaux opérationnels et décisionnels.
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Utiliser des outils numériques pour obtenir un point de vue global sur les données, identifier les tendances et stimuler la réactivité décisionnelle.
Comment UTrakk renforce la culture de santé et sécurité au travail
Le système de gestion quotidienne (DMS) UTrakk permet d’ancrer durablement les bonnes pratiques en facilitant la mise en œuvre des routines de sécurité au sein des équipes opérationnelles, et en améliorant le lien entre intention stratégique et exécution quotidienne.
La solution instaure une culture sécurité solide, grâce à son ensemble de fonctionnalités puissantes :
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Tournées Gemba ritualisées : Accompagnées de UTrakk, les visites de sécurité quotidiennes permettent d’observer directement les environnements de travail, d’identifier les situations à risque et de déclencher des corrections immédiates. Elles renforcent la présence managériale sur le terrain et instaurent un dialogue régulier entre équipes et managers, autour de la sécurité.
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Audits SST digitalisés : La plateforme permet de planifier, standardiser et consigner les audits de santé et sécurité au travail. Grâce à des listes de contrôle et des comptes rendus numériques, les organisations peuvent détecter les risques en amont, assurer une traçabilité des constats, et enclencher rapidement les mesures correctives nécessaires.
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Listes de vérification personnalisées : Ces checklists structurent les points de contrôle à surveiller par secteur ou par poste. Les observations et résultats sont centralisés et conservés, ce qui permet une prévention ciblée et continue.
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Rituels des gestion structurés : UTrakk aide à formaliser les réunions et comités de sécurité autour de points clés comme le suivi des incidents et accidents, les observations sur le terrain ou les rappels de consignes. Ces moments de gestion participative renforcent l’ancrage de la sécurité dans le quotidien des opérations.
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Tableaux de bord interactifs : La solution permet de créer des tableaux de bord dédiés aux indicateurs santé et sécurité. Ceux-ci donnent une lecture claire des tendances, soutiennent l’analyse des causes profondes et assurent une gestion proactive des risques au travail.
Notre DMS UTrakk offre aux managers les capacités de faire de la sécurité une priorité. En créant des routines d’observation, d’action et de suivi, la plateforme structure la prévention, la vigilance et l’amélioration quotidiennes, et accélère le passage à une culture sécurité forte et durable.
Redéfinir la culture de sécurité à l’ère de l’Industrie 5.0
Pour instaurer une culture de sécurité dans l’organisation, il faut des règles, certes, mais cela ne suffit pas. Il s’agit surtout de transformer les mentalités, d’ancrer de nouveaux comportements et réflexes, et de faire évoluer les valeurs et priorités de toute une structure. Cela demande du temps, de la constance, ainsi qu’un dévouement sincère à tous les niveaux.
Alors que les environnements industriels et manufacturiers intègrent de plus en plus de technologies intelligentes et de systèmes collaboratifs, les pratiques de sécurité doivent elles aussi se réinventer. En plaçant l’humain au centre, en cherchant à améliorer la vie des travailleurs grâce à la technologie, l’Industrie 5.0 ouvre de nouvelles perspectives. La culture de sécurité ne repose plus uniquement sur les individus ; elle se prolonge désormais à travers des outils, des données et des interactions homme-machine qui soutiennent la vigilance collective.
Les entreprises capables d’articuler rigueur, alignement organisationnel et solutions adaptées jouiront d'une longueur d’avance dans la prévention des risques et la mobilisation de leurs équipes autour d’un objectif commun : performer mieux, en équipe et en sécurité.